Au-delà des magnifiques photographies de la Mongolie, ce fut l’occasion d’une belle rencontre entre Mr Progin et les enfants.
Marc Progin raconte :
Grand bonjour aux adultes !
Que penser des enfants…attentifs, passionnés, les yeux tout étoilés, assis le cul par terre, écoutant des histoires que peut-être un beau jour, quand ils seront plus grands, ils vivront en nature et raconteront à d’autres…?
Des histoires d’un pays au grand ciel étoilé et éternellement bleu; une terre d’origine d’un pays et un vrai, et surtout pas celui d’un quelconque paradis; la terre des mammouths et tigres à dents de sabre du paléolithique, au temps des hommes-chasseurs, vivant dans des cavernes perdues dans les montagnes ou en plaine dans des huttes construites avec des os; des chasseurs et cueilleurs qui parlaient de leur vie dans un langage imagé, gravé sur des rochers; des territoires immenses que parcourent des chevaux sauvages et indomptables, des horizons perdus, sans fin et sur lesquels planent des aigles royaux, et puis des caravanes de chameaux à deux bosses, sorties on ne sait d’où, sur des routes de soie et des déserts de sable que les hivers recouvrent de glace et de neige.
Les forêts et les rennes, la steppe et les nomades de l’éternel voyage au bout duquel le temps d’une halte, en chemin, de leurs lentes migrations, ils font éclore alors la corolle de leur yourte; la yourte, oui leur maison démontable, ambulante avec des murs de feutre, un toit toujours ouvert sur un ciel…toujours bleu, une porte toujours ouverte à l’hôte de passage;
une yourte sous laquelle la famille réunie, père, mère et enfants et parfois grands-parents vivent ensemble à l’année, autour d’un feu d’argol, ardent sous un grand poêle, et sur lequel bouillissent au creux d’une bassine la viande et les laitages; un feu, un poêle, une bassine, le centre de la yourte, leur petit univers et qui en toutes saisons les nourrit et les chauffent !
Nul doute que c’est de là qu’est né le mot foyer, le respect des parents, et les vrais sentiments de la fraternité.
Quelle bouffée d’oxygène pour l’enfant quand il vit dans une ville et qu’il rêve d’en sortir, de partir, avide de grand air, du parfum des voyages et des grandes aventures. Encore faut-il vouloir, savoir leur en parler et ouvrir leur esprit vers d’autres horizons afin qu’ils se souviennent quand plus grands ils seront en quête d’un autre monde, peut-être d’une vie meilleure.
Que dire d’un gamin ayant à peine dix ans qui pense et s’interroge :
– Eh Monsieur, dites-nous, pourquoi ces grands voyages et toutes ses belles photos ? C’est quoi votre inspiration ?
– A votre âge on vivait, on s’amusait de rien. Pas de portable, de télé, d’ordi, ni d’internet… J’étais toujours dehors, à l’air, dans la forêt, à la pêche sur le lac, le matin et le soir, avant, après l’école. Et surtout j’adorais la géo, les atlas et ces terres inconnues où un jour je savais que quand je serais grand, j’irais les découvrir. Jamais je n’oubliai ces moments de bonheur. Là est l’inspiration.
Après toutes ces histoires, ces routes d’aventure, ces milliers d’ kilomètres là où il n’y a pas de route mais sous la voie lactée, il y eut alors des yeux moins gris, plus pétillants, de plus en plus brillants…
– Eh M’sieur, vous avez quel âge ?….
– Essayez de calculer, je suis né en 1945. Toi, là-bas, combien dis-tu ?
– 86 M’sieur.
Tout le monde s’esclaffe !
– Et toi…?
– 72 m’sieur, et né pendant la guerre !
Après cette belle leçon de vie et d’autres perles, de questions pertinentes, leur avoir raconté les périples à vélo, à pied et sur chameau; leur avoir parlé de l’histoire des mongols, leurs croyances qui rejoignent les nôtres, mais en plus simple, des animaux sauvages et surtout des beautés de la nature réelle, la vie simple des mongols, et qu’ils soient partis en criant fort merci…
Je me suis dit, alors, que c’est beau ces enfants qui rêvent à d’autres choses qu’ils apprennent à l’école. Des choses simples et pourtant qui les fortifieraient dans leur âme, dans leur coeur et dans leur volonté, qui tremperaient leur corps et surtout les nourriraient de beautés, de grandeurs et de simplicité; ils seraient alors forts dans leur tête, dans leur corps, pour affronter la vie, sereins et sans tricher, et entreprendre alors ce merveilleux voyage menant au bonheur d’être…
Des enfants enthousiastes qui suivraient volontiers l’homme qui leur donne l’exemple.
72 ans déjà et être, c’est certes bien. Y croire comme un gamin c’est encore mieux. Ne sommes-nous pas rêveurs d’ailleurs, d’un autre monde, et même de grands enfants ?
Pas vous ? Eh bien moi oui !
Mais là le rêve s’efface car c’est l’heure de partir, de quitter la nature pour rejoindre la ville, apprendre à vivre ensemble, quitter la liberté et vivre une autre vie.
– Eh M’sieur, m’sieur, m’sieur, j’peux avoir un autographe ?
– Eh M’sieur moi aussi…..moi aussi, moi aussi…
Bonne journée à vous…les grands enfants.
Marc