Addiction : les aliments ultra-transformés

Numéro 43: 10/11/2023

L’ancien slogan de la marque Pringles disait vrai “Once you pop you can’t stop!“, qui signifie “Y gôuter c’est ne plus pouvoir y renoncer”. Et en effet, il est presque impossible de ne manger qu’un seul Pringle ! Pourtant, les aliments ultra-transformés tels que les Pringles ont récemment fait l’objet de vives critiques en raison de leur impact négatif sur la santé et le bien-être des enfants en âge d’aller à l’école.

Qu’est-ce qu’un aliment ultra-transformé ? Il existe plusieurs catégories d’aliments. Les aliments non transformés comprennent les légumes, les fruits, les noix, les graines, les œufs, c’est-à-dire les aliments à l’état naturel. Les aliments transformés, quant à eux, sont des aliments qui ont subi une certaine modification, lors de la cuisson par exemple, ou encore des aliments auxquels ont été ajoutés d’autres aliments, ou tout simplement des aliments que l’on a créés. En ce qui concerne les aliments ultra-transformés, ces derniers ne contiennent peu ou pas d’aliments entiers. Ils sont fabriqués à partir d’amidons, de sucres, de graisses et de protéines raffinés qui ont été isolés des aliments entiers, puis ajoutés à d’autres afin de constituer un nouveau produit. Ils contiennent généralement des additifs tels que des arômes, des colorants, des émulsifiants et des conservateurs qui prolongent la durée de conservation mais n’apportent aucune valeur nutritive. Ils contiennent souvent de grandes quantités de sucre, de sel et de graisse, ce qui les rend très appétissants, voire addictifs. Les exemples sont nombreux : les sodas, les chips, les biscuits, les hamburgers, les céréales pour petit-déjeuner, les pains emballés, les pizzas surgelées, les hot-dogs, les nuggets de poulet, etc. Ces produits subissent plusieurs procédés industriels peu appétissants, tels que l’hydrogénation, l’hydrolyse et l’extrusion, qui altèrent considérablement les aliments dits entiers.

De nouvelles études laissent sous-entendre que ces aliments ultra-transformés pourraient avoir un impact négatif sur le développement du cerveau et du corps des enfants.

Après avoir analysé l’alimentation de 16 000 enfants âgés de 9 à 11 ans et les résultats de ces derniers à des tests cognitifs, des scientifiques ont constaté un lien entre la quantité élevée de produits ultra-transformés consommée par les enfants et leurs résultats inférieurs aux tests de raisonnement verbaux et non verbaux. Par rapport aux enfants qui mangeaient le moins d’aliments ultra-transformés, ceux qui en mangeaient le plus avaient des résultats nettement inférieurs, pouvant équivaloir jusqu’à plusieurs mois de retard scolaire. Cette corrélation subsiste même après que d’autres facteurs tels que le mode de vie aient été pris en compte.

Pourquoi ces aliments sont-ils si nocifs ? Les produits ultra-transformés sont souvent riches en sodium, en sucres ajoutés, en graisses saturées et en ingrédients artificiels. Ils sont dépourvus des nutriments bénéfiques pour notre cerveau, tels que les fibres, les vitamines et les minéraux.

Le caractère addictif des aliments transformés pourrait également jouer un rôle. Les entreprises agro-alimentaires conçoivent des produits hyper-appétents qui déclenchent le système de récompense de notre cerveau, ce qui n’est pas le cas des aliments entiers. Cela pourrait perturber la régulation de l’appétit et encourager la surconsommation.

Les modifications du microbiome intestinal dues à ces régimes pauvres en nutriments peuvent également nuire à la cognition. Un microbiome diversifié favorise le développement du cerveau, contrairement aux aliments ultra-transformés qui favorisent la croissance de bactéries nuisibles.

Comme le cerveau continue à se développer de façon spectaculaire jusqu’à 25 ans environ, il est essentiel de bien l’alimenter. Il est important que les parents privilégient des aliments entiers peu transformés lors des repas et évitent autant que possible les en-cas fortement transformés. Évidemment, il n’est pas dangereux de manger un hamburger ou une pizza de temps en temps, mais avec la pression exercée par le marketing, faire des choix sains peut s’avérer certes difficile, mais bénéfique pour les capacités intellectuelles de nos enfants sur le long terme. Leur avenir dépend des choix que nous faisons aujourd’hui pour leur alimentation.

Ian Clayton
Adjoint au Chef d'établissement - Directeur de la filière internationale

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