Personne n’est parfait

Numéro 51: 26/1/2024 ,

Dans un monde qui valorise la réussite, la performance et l’excellence, il n’est pas surprenant que de nombreux étudiants aspirent à atteindre la perfection dans leurs études. Bien que viser haut puisse être admirable, le perfectionnisme, lorsqu’il est poussé à des niveaux extrêmes, peut entraîner toute une série de problèmes nuisibles au bien-être et à l’épanouissement des élèves. De nombreux étudiants accordent une grande valeur au perfectionnisme.

Si l’on part de ces éléments, il est intéressant de se tourner vers Carol Dweck, psychologue renommée pour ses travaux sur l’état d’esprit et qui offre des perspectives précieuses au sujet du perfectionnisme, bien que ce sujet ne constitue pas son domaine principal de recherche.

Dweck met particulièrement l’accent sur l’importance de cultiver une mentalité de développement, soit la conviction que les capacités et l’intelligence peuvent se développer grâce à l’effort, à l’apprentissage et à la persévérance, sans être nécessairement innées. En adoptant cet état d’esprit, les individus sont davantage enclins à considérer les défis et les revers comme des occasions de grandir plutôt que comme des signes d’échec personnel. Ce changement de mentalité peut véritablement aider les perfectionnistes à accepter leurs imperfections et à les percevoir comme des étapes vers le progrès.

Dweck encourage également les individus à se concentrer sur le processus d’apprentissage et de développement personnel plutôt que de se fixer uniquement sur le résultat final. Les perfectionnistes ont tendance à être axés sur les résultats, ne valorisant que le produit final ou la réalisation, dévalorisant ainsi le processus. En portant attention au processus d’apprentissage, les individus peuvent apprécier le parcours, reconnaitre les erreurs comme des opportunités d’apprentissage et éprouver de la joie dans la poursuite de la maîtrise.

Elle souligne l’importance de l’effort et de la persévérance dans la réussite. Les perfectionnistes croient souvent que le succès doit venir sans effort, ce qui entraîne de la frustration et de la déception lorsqu’ils sont confrontés à des défis ou des échecs. En reconnaissant que l’effort et la résilience constituent des composantes essentielles de la croissance et de la réussite, les individus peuvent adopter une perspective plus saine sur le perfectionnisme.

Une perspective importante consiste à changer sa perception des erreurs. Plutôt que de considérer les erreurs comme des échecs ou des preuves d’incompétence, elles devraient être perçues comme de précieuses occasions d’apprendre et de se développer. Les perfectionnistes ont tendance à craindre de commettre des erreurs, ce qui peut entraver leur progression et limiter leur volonté de prendre des risques. En acceptant les erreurs et en les utilisant comme des axes d’amélioration, les individus peuvent se libérer de leur mentalité perfectionniste.

Son travail met également en avant l’idée de créer un environnement qui valorise l’effort, l’amélioration et la collaboration. Un perfectionniste a tendance à s’isoler car il hésite à demander de l’aide ou à collaborer de peur de révéler ses imperfections. En favorisant une culture qui célèbre le développement, l’entraide et qui encourage la collaboration, il est possible de surmonter les aspects négatifs du perfectionnisme et ainsi créer un environnement d’apprentissage plus favorable et inclusif, où chacun peut s’épanouir.

Bien que les travaux de Carol Dweck se concentrent principalement sur la mentalité et l’apprentissage, ses réflexions sont particulièrement utiles pour comprendre et aborder les défis posés par le perfectionnisme. Faire face à la montée du perfectionnisme nécessite un effort collectif de la part de la société, y compris des professeurs, des parents et des professionnels de la santé mentale. Promouvoir une culture qui valorise l’effort, la résilience et la bienveillance envers soi-même, plutôt que les résultats et la validation externe, peut contribuer à contrer les impacts négatifs du perfectionnisme et créer un environnement plus sain propice à la croissance personnelle et au bien-être.

Ian Clayton
Adjoint au Chef d'établissement - Directeur de la filière internationale |

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