Son roman intitulé En attendant Bojangles est à l’image du morceau qui accompagne cette famille touchante dans leurs danses effrénées debout sur le canapé, à l’hôpital quand leur monde semble s’écrouler et en Espagne, dans leur château, quand il accepte de les laisser respirer quelques bouffées d’air frais. Ce chef d’œuvre de mystérieuses banalités s’inscrit dans l’intervalle incertain entre Molière et Racine. Le jeune romancier nous fait valser, dans son second roman, sur les mensonges à l’endroit de l’innocence et pleurer sur les mensonges à l’envers de l’ignorance. Amoureux de l’Espagne, dépendant à la caféine, amant de la nicotine, il correspond en tous points à la folie mélancolique de son récit.
Son ironie et sa vision dérisoire de la vie transperce dans ses phrases poétiques. Ses mots fondent en bouche et laisse une trace de vérité dans les esprits des grands comme des petits.
“Je vis de caféine et de nicotine”
En attendant Bojangles raconte la vie quotidienne d’une famille rocambolesque à travers les pensées d’un petit garçon dépassé par l’originalité de ses parents. Olivier Bourdeaut fait écho à son passé. Jeune, il ne réussissait pas à l’école dû à sa dyslexie. Il se retrouvait à faire le contraire de ce qui lui était demandé.
Les témoignages touchants du fils sont agrémentés d’extraits du journal du père, un père surpassé par la folie qu’il a laissé s’immiscer dans l’esprit de sa fabuleuse femme à l’identité égarée. Il voit clairement que Marylou, Renée et Joséphine sont toutes aussi délirantes les unes que les autres. Son fils lui, n’y voit que de l’imprévisible, un quotidien d’anormalités pour contrer la noirceur des heures de cours et des mots de sa maîtresse pendant le jour. Pour ceux qui n’aurait pas lu ce recueil de souvenirs désordonnés à donner envie de chanter, Joséphine, Marylou, Renée, Georgette, Elsa, Marguerite, Louise et Liberty sont toutes les personnalités éphémères de cette femme hallucinée et hallucinante qui entraîne tous ceux qui ose s’approcher dans son tourbillon de gaieté effrénée. Et, chers lecteurs, vous vous y prendrez également.
“J’évite de penser aux lecteurs. C’est un piège.”
Mais cette gaieté hypnotisante ne nous est pas destinée. Ou du moins indirectement. Olivier n’écrit pas pour son lecteur. Il essaye autant que possible de le garder loin de son livre tant que celui-ci n’a pas de code barre sur sa quatrième de couverture. Évidemment, comment pourrait-il penser à toutes les requêtes que lui ont faites les Justine, les Clothilde et les François qui ont lu son roman et qui en veulent comme-ci comme-ça, avec oignons mais sans cornichons. Alors Messieurs Dames, cessez de passer commande, le service n’est pas compris dans le prix.
Bourdeaut a plu. Olivier a fait rire. Il n’est pas ‘vieux’ : il écoute Petit Biscuit. Il danse comme une quiche, révélation qui provoqua la déception de nombre d’entre nous. Il est clair dans ses réponses. Il est précis et concis, comme il l’a si bien dit : “Si et non, vous voyez c’est très clair !” Sa déclaration d’amour à l’Espagne et aux espagnols nous transporte des larmes aux rires. Il écrit tout ce qu’il ressent, ce qui fait sens puisqu’après tout “on écrit en fonction de ce que l’on ressent.”
Merci à Olivier pour nous avoir guidé dans les étapes de cette valse avec M. Bojangles. Merci à notre bibliothécaire, Mme Armand, pour avoir organisé cette rencontre.
Margot P., élève de Seconde